Facebook
Facebook
Instagram


Il ne suffit plus d’être heureux, ni même de vouloir l’être. Il faut en plus en donner l’apparence. Le bonheur est devenu une norme, une exigence, un outil de contrôle.

L’injonction au bonheur : un nouvel ordre moral

Dans nos sociétés occidentales, le bonheur n’est plus un simple état souhaitable, il est devenu une norme sociale. L’injonction contemporaine ne dit plus : « sois bon », mais « sois heureux ». Une évolution insidieuse, qui transforme une aspiration humaine en obligation psychologique.

Bonheur et bien-être : confusion entretenue

Le bien-être renvoie à une condition physique ou mentale favorable. Le bonheur, lui, suppose une conscience de ce bien-être, une appropriation existentielle. On confond les deux pour imposer un modèle de satisfaction généralisée, souvent vidé de sa substance.

Happycratie : un concept critique

Dans le livre Happycratie, Eva Illouz et Edgar Cabanas analysent l’industrie du bonheur comme un nouveau pouvoir. Cette idéologie repose sur une promesse : celle d’une adaptation totale à l’environnement social. Toute souffrance devient suspecte, tout échec devient une faute personnelle. Le bonheur n’est plus une quête, mais une preuve de conformité.

La souffrance privatisée

Une hiérarchie émotionnelle s’installe : les émotions négatives sont pathologisées, la plainte devient illégitime. La souffrance, désormais privatisée, ne peut plus être lue comme un symptôme social mais comme un dysfonctionnement individuel.

Le bonheur, arme du management

Depuis les années 30, les entreprises ont compris l’intérêt stratégique de « l’atmosphère ». La psychologie positive renforce ce paradigme : il faudrait des salariés heureux pour être performants. D’où l’émergence des Chief Happiness Officers, symptôme d’une marchandisation de l’émotion.

Hyper-responsabilisation de l’individu

Le discours managérial et développementaliste converge : « Tu es l’architecte de ton bonheur. » Le modèle est clair : si tu échoues, tu n’as pas assez voulu. L’individu devient entièrement responsable de son destin affectif, moral et social.

Le bonheur devient un produit. On vend du coaching, du bien-être, des formations à la pensée positive. Mais le bonheur n’est pas un indicateur fiable : on ignore si les individus savent réellement évaluer leur propre bien-être. L’illusion de la mesure masque la complexité de l’expérience humaine.

En savoir plus sur le bonheur sur le site Philia, site de ressources philosophiques.

A écouter / voir : « le bonheur n’est pas une condition de performance en entreprise » (Julia De Funès, Docteur en philosophie)

 

Catégories : Lectures

0 commentaire

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *