« Le yoga est un chemin et Instagram ne montre que le résultat »

Sur les réseaux sociaux, le corps n’est plus seulement vécu : il est mis en scène, évalué, codifié.
Chaque image devient un outil d’appartenance, un signe d’intégration à une communauté esthétique — fitness, yoga, alimentation “saine”, lifestyle — où l’adhésion se mesure en likes et en hashtags.

Esthétique calibrée

Les photographies répondent à des codes répétés : marques visibles, silhouettes standardisées, paysages “naturels” mais soigneusement cadrés. Même le “naturel” est travaillé : maquillage nude, coiffures faussement simples, plats vegan sans gluten exposés en format carré.

Le corps comme défi public

Dans le fitness ou le yoga, montrer une partie de son corps devient un acte de progression mesuré par l’audience. Sérénité affichée, souplesse calculée, hashtags incitatifs : l’image promet un corps “accessible” à condition de suivre la même discipline.

Un autre moi numérique

Filtres, poses dictées par influenceurs, angles standardisés : la spontanéité disparaît. Sourires calibrés, regard étudié, corps découpé en cadrages avantageux. Ce qui se présente comme “être soi-même” est souvent une construction minutieuse. Chaque photo veut provoquer l’envie, donner l’illusion d’une vie parfaite, même si elle s’éloigne radicalement de la réalité intime. L’image se détache du présent vécu pour n’exister que dans l’attente des réactions. Les photos donnent un semblant de vie parfaite dans une tentative plus où moins consciente de provoquer l’envie et la jalousie….faire de sa vie un événement constant et tant pis si les photos sont aux antipodes de la réalité de la vie personnelle de la personne qui se prend en selfie.

Derrière l’idéal “un esprit sain dans un corps sain” se cache un contrôle constant de l’image. La quête d’esthétique numérique fabrique un “soi” digital plus socialement désirable que la personne réelle. Une performance continue, où l’on préfère la pose préparée à l’acceptation brute de ce que l’on est.

A lire : « Yoga, une histoire-monde« , Marie Kock